Le choix des couverts végétaux est un processus essentiel pour un agriculteur qui pratique l’agriculture de conservation des sols (ACS). Chaque décision impacte directement la santé des sols et la réussite des cultures futures. Il est crucial de prendre en compte divers facteurs pour maximiser le succès et bénéficier pleinement des avantages agronomiques et environnementaux, tout en limitant les risques.
Plan de l'article
Identifier les Espèces Adaptées
Sélection selon les Objectifs et la Rotation Culturale
Le choix des espèces doit se baser sur les bénéfices recherchés, la succession culturale et la conduite culturale prévue. Chaque espèce apporte ses avantages spécifiques en fonction de ses caractéristiques morphologiques et physiologiques.
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Par exemple, si un agriculteur souhaite améliorer la structure du sol et augmenter la teneur en matière organique, il peut opter pour des légumineuses comme le trèfle ou la luzerne dans son couvert végétal. Ces plantes, en plus d’enrichir le sol en azote grâce à leur capacité de fixation, aident à améliorer sa structure. Si la culture suivante est une céréale, ces légumineuses contribuent ainsi à créer des conditions idéales pour sa croissance. En revanche, si l’objectif est de réduire les risques de maladies spécifiques, comme la hernie des crucifères dans les champs de colza, il serait judicieux d’éviter les couverts de crucifères et de privilégier d’autres espèces moins susceptibles d’héberger ce pathogène.
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Prise en Compte des Cultures Suivantes
Il est également crucial de considérer l’impact des couverts sur les cultures suivantes. Certains couverts peuvent favoriser ou prévenir des maladies dans les cultures ultérieures.
Par exemple, si une parcelle doit être plantée avec des céréales après l’interculture, il est conseillé d’éviter les graminées comme couvert. Les graminées peuvent favoriser le développement de maladies telles que le piétin échaudage, une infection fongique qui affecte spécifiquement les céréales. En revanche, choisir un couvert de moutarde ou de radis peut contribuer à réduire ce risque en agissant comme un biofumigant naturel, supprimant certains pathogènes et nuisibles du sol
Les Périodes de Semis et Leurs Spécificités
Selon la période de semis (post-moisson, en août, ou en septembre/octobre), les espèces de couverts à privilégier diffèrent, en fonction de leurs capacités d’adaptation aux conditions climatiques et à la durée de l’interculture.
Par exemple, les céréales d’hiver, comme le seigle ou le triticale, sont reconnues pour leur vigueur au démarrage et leur résistance au froid, ce qui les rend idéales pour un semis en conditions hivernales ou au début du printemps. Elles peuvent ainsi offrir une couverture rapide et efficace du sol pendant les mois les plus froids, contribuant à la protection et à l’amélioration de la structure du sol.
Les Mélanges d’Espèces : Un Choix Stratégique
Avantages des Associations d’Espèces
Le mélange d’espèces dans un couvert végétal présente plusieurs avantages, comme :
- la combinaison des services de chaque espèce,
- la limitation des risques d’échec,
- la création d’un couvert robuste adapté à différentes conditions de parcelles.
Par exemple, dans une association de légumineuses et de graminées, les avantages sont multiples. Les légumineuses, grâce à leur capacité de fixation de l’azote atmosphérique, enrichissent le sol en azote, un nutriment essentiel pour la croissance des plantes. Cet apport d’azote bénéficie directement aux graminées, qui sont souvent gourmandes en cet élément.
De plus, les racines des graminées, généralement plus denses et profondes, aident à structurer le sol et à améliorer sa porosité, ce qui favorise un meilleur enracinement et une meilleure absorption des nutriments par les légumineuses. Cette synergie entre les deux types d’espèces crée un système racinaire complémentaire et robuste, améliorant la santé globale du sol et la productivité des cultures.
Règles pour Réussir les Mélanges
Un bon mélange de couverts végétaux repose sur l’équilibre et la complémentarité des espèces choisies. Pour bien réussir ces mélanges, il faut éviter les espèces augmentant le risque parasitaire, choisir des espèces complémentaires pour la biomasse aérienne et racinaire et limiter le nombre d’espèces dans le mélange.
Par exemple, il est judicieux d’associer des légumineuses, qui fixent l’azote, avec des graminées, qui apportent une biomasse importante, et des crucifères, connues pour leur effet structurant sur le sol. Cette combinaison permet de maximiser les bénéfices écologiques tout en assurant une couverture végétale robuste et diversifiée. Ainsi, chaque espèce contribue à son niveau au renforcement de la santé du sol et à la préparation optimale pour les cultures suivantes.
Conclusion
Choisir ses couverts végétaux est une tâche complexe mais essentielle. Elle requiert une compréhension approfondie des besoins spécifiques de l’exploitation, une connaissance détaillée des différentes espèces et une anticipation des interactions entre les couverts et les cultures à venir. C’est un savant mélange d’art, de science et de pratique agricole durable.